Dr Ariane Gerkens, Gastro-entérologie, Hepatologie, Nutrition.

Le ballon gastrique

Pour certaines personnes, être mince est synonyme de mieux vivre : remise en mouvement, bien-être et estime de soi se retrouvent simplement en se délestant de quelques kilos. Certains événements de vie motivent aussi parfois le souhait d’un amaigrissement rapide, comme une demande en mariage ou l’obtention d’un rôle de théâtre ou de cinéma … !

Pour d’autres, maigrir est une nécessité médicale. L’obésité entraine des limitations fonctionnelles (difficultés à bouger, respirer ou bien dormir) et des atteintes métaboliques (diabète), cardio-vasculaires, hépatiques et articulaires (genoux, hanches et dos). Elle est associée à une dizaine de cancers (digestifs, gynécologiques, néphrologiques, hématologiques, …). C’est un facteur de vulnérabilité à la COVID-19 et à ses complications sévères. L’obésité est aussi une cause d’infertilité, de troubles psychologiques (rejet de son corps, mésestime, dépréciation voire dépression) et sociaux (exclusion, stigmatisation, discrimination). Les facteurs à l’origine du surpoids et de l’obésité sont nombreux, intriqués et complexes.

Le surpoids est souvent le sommet de l’iceberg de problèmes émotionnels profonds de la personne qui en souffre. Des blocages inconscients et donc méconnus peuvent aussi être un frein puissant à une perte de poids et à son contrôle au long cours.

Les régimes trop restrictifs, trop simplistes ou les techniques miracles ne fonctionnent pas entrainant souvent ce que l’on nomme « l’effet yo-yo » c.à.d. la reprise de tous les kilos perdus, voire plus.

En cas d’obésité sévère ou massive (BMI > 35 ou 40), la chirurgie est l’option de choix pour en limiter la morbidité et la mortalité. Chaque technique (cerclage gastrique ou « band », gastrectomie en manchon ou « sleeve », court-circuit gastrique ou « bypass ») peut présenter des complications post-opératoires ou exposer à des symptômes digestifs (reflux, syndrome de chasse ou « dumping », diarrhées).

Le taux d’échec de l'intervention ou de la « non-réponse » à la chirurgie est très faible mais existe : selon la littérature, après une phase initiale de perte de poids rapide, environ 15-35 % des patients reprennent du poids ou n’en perdent pas suffisamment dans le suivi à long terme. Enfin, la malnutrition liée à de multiples carences alimentaires (fer, calcium, vitamines D et B, sélénium et zinc) peut entrainer une fatigue chronique, de l’anémie, de l’ostéoporose ou plus rarement des complications neurologiques.

Il est donc essentiel de prévenir la survenue d’une obésité sévère pour éviter sa multitude de complications directes ou consécutives à l’intervention chirurgicale.

L'effet du ballon gastrique

La pose d’un ballon intra-gastrique est un véritable catalyseur à cet amaigrissement. Le ballon intra-gastrique est une intervention bariatrique restrictive, temporaire et non chirurgicale qui facilite votre rééducation alimentaire. Le ballon placé dans votre estomac a la taille d’un pamplemousse.

Vous mangez moins sans ressentir la faim. Vous prenez conscience que de petites quantités alimentaires vous apportent toute l’énergie nécessaire, en laissant votre tube digestif réabsorber de votre alimentation les nutriments indispensables à votre santé, par opposition aux méthodes dites « malabsorptives » (certains médicaments ou chirurgies).

L’accompagnement par l’équipe de professionnelles pendant toute la durée de la pose améliore encore les résultats de perte de poids et leur stabilisation à distance du ballon.

La pose d’un ballon intra-gastrique s’adresse à toute personne présentant un indice de masse corporelle de 27 à 35 kg/m².

En cas d’IMC < 27 la pose du ballon intra-gastrique est la plupart du temps contre-indiquée, elle ne peut se discuter qu’en cas de « comorbidités » (anomalies des valeurs du sang liées aux sucres, aux graisses et au foie, hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil, …).

En cas d’IMC > 35 La pose d’un 2ème ballon intra-gastrique peut être proposée pour poursuivre l’amaigrissement, une période de 6 mois – 1 an entre la dépose et la repose stabilise le poids et permet à l’estomac la récupération de sa sensibilité au ballon.

En cas d’IMC > 40 la pose du ballon intra-gastrique peut être proposée pour la préparation à une chirurgie afin d’en limiter les complications ou en cas de refus ou de contre-indication de celle-ci.

Pour calculer votre IMC

  • Poids en kg : Taille m² = IMC

Exemple pour une personne mesurant 1m56cm et pesant 85kg :

  • 85kg : (1,56m x 1,56m) = 34,9 kg/m²
  • L’IMC normal est compris entre 18.5 et 24.9.
  • Entre 25 et 29.9, on parle d’excès pondéral
  • Entre 30 et 34.9, on parle d’obésité modérée (grade 1)
  • Entre 35 et 39.9, on parle d’obésité sévère (grade 2)
  • Au-delà de 40, on parle d’obésité massive ou morbide (grade 3)
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